Plus je me rapproche de cette personne, plus elle me fait des signes. Arrivée près d'elle, je m'arrête.
_Je ne t'avais pas reconnue, dis-je.
_Moi si! Comment tu vas Léna?
_Bien bien et toi?
_Oh, tu sais la routine! A vrai dire, j'allais chez toi.
_Ah Bon?
_Oui, ton père m'a appelée. Il veut que je travaille pour vous.
_Ah! C'est encore son histoire de chambre d'hôtes!
_Oui, je devrais m'occuper de vous.
_Il ne se rend pas compte que personne ne vient ici! Ou alors contre sa volonté!
Elles explosèrent de rire.
_Je peux faire un bout de chemin avec toi?
_Ben ... disons que j'allais faire des courses.
_C'est parfait! Comme ton père m'a dit de t'aider, je vais commencer tout de suite!
Je lui souris. Son enthousiasme, son sourire c'est bizarre mais, c'est comme si je voyais l'autre moi dans Keira. Elle n'était pas d'ici et la première fois que je l'ai vue, je me rappelle l'avoir trouvée étrange. Non pas qu'elle soit étrange, elle est plutôt jolie avec ses cheveux longs raides noirs mais c'était son regard. Elle avait des yeux noirs également. Je n'avais jamais vu une personne avec des yeux de cette couleur. Le teint mat, les dents blanches. Oui, en réalité, elle était d'une beauté sauvage.
Je suis alors descendue de mon vélo, et marcha avec elle. Je ne parlais pas beaucoup tandis qu'elle ne pouvait plus s'arrêter. C'est assez bizarre, à l'école, elle ne parlait jamais beaucoup.
_Je ne t'ai jamais vu aussi bavarde, lui avouais-je.
_Je sais mais ce qui t'est arrivé...
Elle ne continua pas la phrase. J'ai baissé mon regard sur la route et serra les points. Le sujet était encore très douloureux. Elle l'a sans doute ressentit que ça n'allait pas car elle me prit la main.
_Tu sais que je rêve de voir la ville!
Je me retourna vers elle. Elle avait tout de suite su que je ne voulais pas m'étendre sur le sujet. Elle regardait le ciel. Elle se mit face à moi et marcha à reculons. Elle parlait vite avec de grands gestes.
_Les lumières jusqu'à tard dans la nuit, entendre la ville et la ressentir ça c'est ce que je veux!
_Pourquoi tu ne pars pas alors? lui demandais-je.
Elle s'arrêta et déclara:
_Mes parents seraient trop tristes et puis, peut-être que j'attends d'avoir un compagnon de route!
_Oh...
Elle continua à parler jusqu'à ce que nous arrivions à l'épicerie. Je déteste venir ici mais, je ne veux pas faire 15km de plus à pieds. Ici, tout le monde est ravi d'avoir cette épicerie! Au village, on ne voit que les mêmes personnes, les mêmes vieux assis sur le banc en face de la mairie. Là, il y a le bar enfin le bar, vous vous servez vous même et en plus il n'est ouvert qu'après la messe du dimanche! Je ne suis pas croyante enfin si, mais je suis comme ma mère, je crois aux esprits pas à un dieu souverain! Alors, je connais tous les petites histoires que l'on raconte sur ma famille, que je suis issu d'un mariage entre un bon menuisier et d'une sorcière qui l'aurait envoutée. Ce n'est pas parce que ma mère n'est pas bretonne que c'est une sorcière, elle est haitienne! Alors, moi on me trouve bizarre plus je grandis plus je ressemble à cette femme. Mais, moi j'en suis ravie! Keira est pareille que moi pour ça. Sa famille n'est pas beaucoup apprécié par ici. Son père est chinois et sa mère africaine, sacré mélange! Je me rappelle que quand j'étais petite, ma mère leur avait apporté des gâteaux pour leur souhaiter la bienvenue! Keira continue à me parler de choses et d'autres et moi je ne l'écoute qu'à moitié. On prend des fruits, des crêpes et pleins de bonnes choses encore! On décide alors de rentrer.
Lorsqu'on prend le chemin du retour, on passe par un autre chemin parce que l'on est un peu creuvé de marcher. J'ai aussi décidé de montrer un jour la crique de maman à Keira, puisqu'elle ignore encore son existance. Je ne sais pas pourquoi mais l'idée mais venue comme ça en marchant et je sais qu'elle aurait aimé que je fasse des efforts pour ... On jacasse comme des poules jusqu'à ce qu'on aperçoit un car, enfin un bus. On s'approche et on voit qu'il y a un pneu creuvé. Keira frappe mais il n'y a personne.
_C'est bizarre, tu trouves pas?
_Oui, assez.... Il y a marqué Tokio Hotel sur le côté.
_On voit rien c'est des vitres teintées! C'est null! Bon faut qu'on se dépêche le ciel s'assombrit!
Ici, le temps n'est jamais au beau fixe. Il peut faire beau pour pleuvoir dans une heure! Elles arrivent à la grille et il y a quelques gouttes qui commencent à se sentir. Elles montent la côte en poussant le vélo et prennent les courses dans leurs mains. Léna cherche ses clés mais arrivée devant la porte elle se rend compte qu'elle est ouverte...